L’aventure de la Maison du Bois à Fouras-les-Bains a pris un nouveau tournant l’année dernière lorsque Xavier, a repris les rênes de la boutique. Il m’a parlé avec tant de ferveur de ces trésors en bois, fabriqués par des mains habiles dans des ateliers nichés dans le Jura, qu’il m’a été impossible de rester de marbre. Avec mon bagage d’ingénieure mécanique, j’ai toujours été admirative des merveilles que l’on peut façonner de ses mains. Et là, à la Maison du Bois, se trouvaient des pièces qui incarnaient ces trésors de confection. Ils réveillaient en moi les souvenirs tendres de mon enfance, bercé par les jouets en bois que mon grand-père affectionnait et collectionnait chez lui. Je me souviens très bien du claquement rythmé des boules tac-tac, du pic-vert qui picorait le long de sa tige ou de la promenade du hérisson. Et puis à mes 8 ans, j’ai reçu une boite cartonnée d’un chalet en bois Jeujura qui traîne encore chez ma mère et que mes enfants eux-mêmes ont construit, déconstruit pendant très longtemps. Nous parlons ici de jouets transgénérationnels et intemporels.
Ce matin-là, je me suis aventurée dans la forêt en haut de la colline de Moutonne. Quel atmosphère enchanteresse… le soleil jouait à cache-cache entre les arbres et sapins verdoyants. J’aime commencer ma journée par un petit jogging matinal, cela me permet de me réénergiser et me ressourcer avec les éléments de la nature. Celle belle journée promettait encore de belles aventures.
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Quelle était notre destination aujourd’hui ? Une ancienne ferme. Mais pas n’importe quelle ferme…
Une belle bâtisse reconvertie en atelier, où Didier, notre maître des jeux en bois, nous attendait, ou plutôt ses deux beaux bergers suisses, qui gardaient fièrement les lieux.
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Didier avait planté ses racines dans ce village où chaque pierre et chaque maison semblaient raconter une histoire. Nous étions accueillis dans son bureau, au premier étage, au-dessus des ateliers. Le lieu, assez sobre, était décoré d’une multitude de jouets en bois “made in Jura» : quilles, boules de pétanques et son fameux jeu du croquet qu’il affectionne tant, car il nous a partagé sa fierté d’avoir été le père de sa conception.
Aïtor, notre petit journaliste en herbe, hésitant au début de l’interview, s’est vite pris au jeu, laissant les premières timidités derrière pour poser des questions à Didier. Il nous apprend qu’il a repris l’entreprise familiale de son père, et qu’il perdure la tradition de l’artisanat des beaux jouets en bois. Il travaille essentiellement avec le hêtre car c’est un bois dense et résistant pour les jeux d’extérieur qu’il expose fièrement dans son bureau.
Dans ses ateliers, Didier usine (on dit aussi « tourne ») ses pièces avec précision, puis les vernis, les laque et les assemble pour donner naissance à ces beaux jouets que l’on peut retrouver dans nos Maisons du Bois, à Fouras-les-Bains et à Lege-Cap-Ferret (Claouey).
Didier nous a également partagé sa passion pour les Quilles et nous avons découvert ensemble un livre exclusivement sur les Quilles.
Au fur et à mesure de notre discussion, il nous confiait que ce jour, il ne célébrait pas seulement son art avec nous, mais aussi son anniversaire.
Quelle coïncidence que nous soyons là pour partager ce moment ! Je lui demandais comment il comptait célébrer ce jour de fête, et nous a répondu tout simplement en famille.
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Nous continuâmes la visite dans l’atelier. J’étais fascinée par le lieu, même l’odeur de cire et de peinture était bien établie, je me sentais comme dans la caverne d’Ali Baba. J’étais dans la salle des trésors, qui débordait de créations colorées. Je voyais tous les secrets de création des quilles aux pics verts. Les enfants Aïtor et Harkaïtz, les yeux écarquillés devant tant de merveilles, ne savaient plus où donner de la tête, leur joie contagieuse résonnant dans l’air chargé du bois fraîchement verni.
Moi-même, j’ai une attention particulière pour les pics verts qui sont la représentation de mon enfance lorsque j’avais découvert ce jouet chez mon grand-père adoptif. J’avais 10 ans à l’époque et me souviens que je faisais monter ce pic-vert en haut de sa tige et pouvais le faire et le refaire à répétition tant le principe de voir cet oiseau picorer le long de sa tige était rigolo. Les couleurs qu’utilise Didier sont vives et attirent l’œil des enfants (et même des plus grands) qui n’ont qu’une seule envie, c’est de jouer, encore et encore.
Didier organise méticuleusement ses ateliers avec des compartiments de rangement par pièce, ce qui permet d’assembler facilement les éléments pour créer les jouets avec les couleurs que l’on souhaite. Comme nous étions sur place, nous en avons profiter pour lui demander de nous faire assembler les pics verts avec nos couleurs de prédilection.
Après cette visite, nous sommes rentrés pour déjeuner dans notre maison d’hôte a Moutonne. Pendant que nous prenions notre café, nous avons eu une surprise inattendue. Didier sonne à notre porte et nous invite à célébrer son anniversaire avec sa famille, chez lui. Quelle belle surprise pour Xavier, les enfants et moi. Nous sommes épatés de l’accueil Jurassien.
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Pour moi qui partais faire cette tournée pour la première fois, je trouvais l’organisation des visites un peu désorganisée. Les rendez-vous étaient très aléatoires, les heures de rendez-vous n’étaient établies à l’avance. J’avais l’impression de venir à l’improviste chez nos artisans. Cette perception vient de ma déformation professionnelle !
Dans le monde de l’industrie où j’évolue, c’est quelque chose dont je ne suis pas familière, car tout rendez-vous, surtout chez nos sous-traitants se préparent en avance, avec participants, induction sécurité, présentation de l’entreprise, des projets en cours, etc..
Même si j’avais l’impression que les visites étaient improvisées, Xavier semblait bien géré, et je n’avais plus qu’à le suivre dans cette folle aventure.
Donc en attendant notre dîner festif avec Didier, nous partions à la rencontre d’un autre artisan et nous visitions cette fois-ci une tabletterie.
Nous sommes reçus par Jérémie et son père, Dominique dans leur bureau. Les enfants sont restés avec nous dans un premier temps. Aïtor était figé sur les doigts de Dominique et je dois dire que moi aussi. Je suis assez familière avec des personnes dont il manque l’annulaire – ce sont des accidents assez fréquents dans l’industrie de construction, mais là, Dominique en avait perdu 2.
Malheureusement chez nos artisans, autrefois la sécurité n’était pas toujours au cœur des préoccupations, et c’est seulement après un accident que des dispositions étaient mises en place. A présent les ateliers sont bien plus sûrs et les personnels bien mieux informés des risques.
Nous arrivions un peu tard pour la visite des ateliers mais nous avons néanmoins pu discuter longuement pour une collaboration pour créer des articles pour la Maison du Bois.
Dominique n’avait pas l’air d’avoir l’habitude de recevoir des visites, en tout cas, pas avec deux joyeux trublions enthousiastes à l’idée de découvrir les secrets de fabrication des jouets en bois. L’atmosphère était très sérieuse jusqu’au moment où les enfants disparurent dans le jardin, nous laissant parler entre « grands ». Nos échanges se sont détendus et de possibles nouvelles collaborations pour de nouveaux produits se sont dessinées.
L’ambiance dans le bureau est devenue encore plus décomplexée et rieuse, grâce aux enfants partis jouer dehors, que nous avons vu se frotter allègrement à la belle voiture de Dominique, ce que Xavier a qualifié de nettoyage-polissage gratuit, avec en prime le transfert des saletés sur le blouson des enfants 😊
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Après cette visite, nous sommes partis acheter une petite douceur et du champagne pour célébrer notre anniversaire improvisé. Nous sommes reçus chaleureusement comme si nous étions de vieux amis visitant de loin.
La belle-mère et la fille de Didier avaient préparé un festin qui défiait toute attente : un couscous savoureux à la Jurassienne, mijoté avec amour, une rareté dans ces contrées boisées. La surprise de taille, la convivialité authentique autour de cette table, et nous passions un agréable moment. En guise de cadeau, nous avions apporté une tarte au pamplemousse de la boulangerie locale, un délice qui s’est harmonieusement mêlé aux saveurs orientales
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Retrouvez l’interview de Didier par Aïtor, notre jeune et intrépide journaliste.
Dans l’écho de cette soirée mémorable, entre le couscous du Jura et les quilles de Didier, nous avons découvert que la richesse de cette région ne réside pas seulement dans ses paysages ou ses ateliers d’artisans, mais aussi dans le cœur de ses habitants. Et alors que nous quittions la table, les étoiles scintillaient dans le ciel comme pour nous promettre que le meilleur de notre aventure restait à venir.
Suivez-nous dans notre tournée jurassienne dans notre prochain épisode.
Neary
Abonnez pour suivre nos aventures, à la fin de la série vous retrouverez un diaporama de cette magnifique tournée ainsi que toutes les interviews de nos artisans réalisées par Aïtor.
Retrouvez tous les jouets en bois conçus par Philippe dans nos magasins de Fouras-les-Bains et Lège-Cap-Ferret ou sur notre magasin en ligne disponible via notre site web https://lamaisonduboisfouras.fr, nous vous y proposons une large gamme d’objets; jeux et jouets en bois !
C’est un livre magique, un livre qui renferme des trésors d’enfance.
Les jeux en bois ont une longue histoire qui remonte à des siècles.