L’éco-responsabilité dans l’industrie du jouet

une nécessité pour notre avenir

L’éco-responsabilité dans l’industrie du jouet : une nécessité pour notre avenir

Dans un monde de plus en plus conscient des enjeux environnementaux, l’industrie du jouet n’échappe pas à la règle. De nombreuses entreprises, grandes et petites, de secteurs industriels très variés se tournent vers des pratiques plus durables pour la fabrication de leurs produits ou la réalisation de leurs services. Cet article explore l’importance de l’éco-responsabilité dans l’industrie du jouet et comment elle façonne l’avenir de ce secteur, du sylviculteur au vendeur.

L’impact environnemental des jouets : une réalité alarmante

Le jouet, est un objet de désir et de plaisir pour les petits comme pour les grands. Il met des paillettes dans les yeux et reste souvent associé à un bon souvenir.

Cependant, l’impact environnemental des jouets, en particulier ceux en plastique, est considérable. Selon une étude de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), les jouets représentent une part importante des déchets ménagers.

En effet, il est estimé que 90% des jouets sur le marché mondial sont actuellement fabriqués en plastique, principalement en polypropylène, polyéthylène et acrylonitrile butadiène styrène … PP, PE, ABS, ces fameux sigles qui se retrouvent un peu partout sur les emballages des jouets. Les producteurs de jouets avancent diverses raisons pour ces choix tels que les propriétés mécaniques conformes à la réglementation sur les jouets de sécurité, une facilité à utiliser des couleurs variées, des matériaux à faible coût ou encore une plus grande souplesse en terme de production, de logistique.

Un des problèmes est que la particularités de certains jouets ont des répercussions importantes sur la production de déchets car le plus souvent ce sont des objets éphémères qui restent avec les enfants pendant un temps limité car il y a une forte saisonnalité et un effet de mode important amenant à des changement de tendance rapide. Cet effet de mode engendre une concurrence extrêmement forte amenant conduit à un marché à faible coût et à fort volume, et surtout au bilan carbone désastreux.

Un jouet peut être périmé quelques mois seulement après sa mise sur le marché. Cela crée une surconsommation sans lien de causalité avec le besoin qui est le jeu, et nous sommes dans une logique linéaire de gaspillage des ressources et des matières premières. C’est un phénomène identique que l’on retrouve sur le marché de ‘habillement : la » fast fashion « .

Or ces matériaux mettent des centaines d’années à se dégrader dans la nature. De plus, la production de plastique est une source importante d’émissions de gaz à effet de serre.

Chaque année, 60 millions de poupées Barbie sont vendues, ce qui équivaut à des émissions de gaz à effet de serre équivalentes à la combustion de 1,450 milliard de litres d’essence. Aux États-Unis, environ 3 milliards de jouets sont vendus chaque année, et 80% d’entre eux finissent dans des décharges, des incinérateurs, et pire encore, dans l’océan. En France, 40 millions de jouets sont jetés dans les décharges chaque année.

De plus, les jouets en plastique peuvent contenir des métaux lourds tels que le plomb ou le cadmium, ou d’autres produits chimiques nocifs tels que les dioxines. Les études montrent que les enfants qui mâchent des jouets en plastique PVC absorbent ces produits chimiques dangereux dans leur corps.

Enfin, lorsque les jouets en plastique sont jetés dans l’océan, ils se décomposent en microplastiques qui peuvent être ingérés par les poissons. Ces microplastiques peuvent ensuite nuire aux oiseaux et aux mammifères qui consomment ces poissons, et finalement atteindre notre chaîne alimentaire.

L’émergence des jouets éco-responsables : une réponse à un enjeu majeur

Face à ces enjeux, de plus en plus d’entreprises se tournent vers des alternatives plus durables et plus respectueuses de l’environnement et des consommateurs. Les jouets en bois, par exemple, sont une option populaire. Non seulement ils sont biodégradables, mais ils sont aussi souvent fabriqués à partir de bois issu de forêts gérées de manière durable.

Il faut noter que la qualité du bois utilisé dans les jouets éco-responsables est un facteur important de la qualité finale du jouet. Les jouets en bois de haute qualité sont généralement fabriqués à partir de bois dur comme l’érable, le bouleau, le chêne, l’olivier, le buis ou l’hêtre qui sont plus durables et moins susceptibles de se fendre, ce qui les rend plus sûrs pour les enfants.

Néanmoins, certaines grandes marques de distribution peuvent utiliser du bois de moindre qualité ou des bois issus de forêts non gérée durablement pour augmenter leurs profits, tout en surfant sur cette mouvance de prise de conscience éco-responsable.

Les peintures et traitements utilisés sur les jouets en bois doivent également être non toxiques. Ces grandes marques de distribution, restant malheureusement dans cette logique de surconsommation de mode ou surconsommation saisonnière, n’hésitent pas à utiliser des peintures à base de solvants qui peuvent émettre des composés organiques volatils (COV), qui peuvent causer de la pollution de l’air et potentiellement nuire à la santé de l’enfant.

Alors que les marques de jouets éco-responsables, ne répondant pas à un effet de mode mais qui s’inscrivent dans la durabilité et le respect de la santé de leurs clients utilisent des peintures et des finitions à base d’eau qui sont exemptes de solvants. De plus, certaines marques utilisent des pigments alimentaires pour colorer leurs jouets, ce qui les rend encore plus sûrs pour les enfants de tous âges.

L’importance de l’éco-responsabilité pour les consommateurs

L’éco-responsabilité est devenue un critère de choix important pour les consommateurs. Plus de 72% des consommateurs ont affirmé acheter davantage de produits respectueux de l’environnement comparé à cinq ans auparavant, jugeant désormais les marques en fonction de leur engagement environnemental.

En effet, la démarche éco-responsable a franchi un nouveau cap depuis la pandémie du SARS-Cov2 et face à des consommateurs de plus en plus consciencieux, les entreprises ont pris les devants vers une stratégie plus engagée. En adoptant des pratiques écoresponsables, les entreprises peuvent répondre aux attentes des consommateurs, renforcer leur image de marque et gagner la confiance des parties concernées.

Les produits plus « durables » se vendent mieux, car les citoyens sont à la recherche de ce type d’engagement dans une politique RSE (Responsabilité Sociétale et Environnementale). Ce type de politique permet aux entreprises de se questionner sur l’ensemble de leurs pratiques et de s’intégrer dans un schéma de performance globale. Cela peut conduire à une réduction des coûts et des risques sociaux, environnementaux ou de gouvernance, stimuler l’innovation, se différencier de la concurrence, et améliorer l’image et la réputation de l’entreprise.

En France, 72% des personnes sont mobilisées en faveur de la consommation responsable et 93% des Français pensent qu’il faut revoir tout ou une partie de notre modèle économique, dont 52% qui déclarent qu’il faut le repenser entièrement et sortir du mythe de la croissance infinie. De plus, 61% de nos concitoyens considèrent que consommer de manière responsable, c’est avant tout supprimer le superflu, abolir le « plastique » ou réduire sa consommation en général.

Il en est de même dans de nombreux autres pays francophone, ainsi au Québec, pour s’assurer qu’un produit est écoresponsable, 71.9% des participants se fient à sa composition inscrite sur l’étiquette; 71.2% aux étiquettes et certifications apposées sur un produit; 70.2% aux conseils d’associations de protection des consommateurs.

Il est donc totalement acquis que l’éco-responsabilité est devenue un critère de choix important pour les consommateurs, ce que confirme l’étude de Nielsen, car 73% des consommateurs mondiaux seraient prêts à changer leurs habitudes de consommation pour réduire leur impact sur l’environnement. De plus, 81% des personnes interrogées estiment que les entreprises ont un rôle à jouer dans l’amélioration de l’environnement.

Ces chiffres montrent à quel point l’éco-responsabilité n’est plus une tendance, mais une véritable attente des consommateurs. Les entreprises qui sauront répondre à cette attente, de la gestion des forêts à la vente des objets, auront donc un avantage concurrentiel certain.

Conclusion

L’éco-responsabilité dans l’industrie du jouet n’est plus une option, mais une nécessité. Que ce soit pour répondre aux attentes des consommateurs, pour réduire leur impact environnemental ou pour se conformer à la réglementation, les entreprises n’ont d’autre choix que de s’engager dans cette voie.

Mais au-delà de ces considérations, l’éco-responsabilité est aussi une question de responsabilité envers les générations futures. Après tout, les enfants qui jouent aujourd’hui avec ces jouets seront les adultes de demain. Il est donc de notre devoir de leur laisser un monde dans lequel ils pourront s’épanouir.

Sources :

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Betts, K. (2011). Why small plastic particles may pose a big problem in the oceans. Environmental Science & Technology, 45(21), 9130-9135.

Allwood, J. M., & Cullen, J. M. (2012). Sustainable materials: with both eyes open. Cambridge, UIT Cambridge.

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Nielsen. (2018). Global consumers seek companies that care about environmental issues. New York : Nielsen.

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